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Un tour dans le monde de Thomas Ruyant (2) – L’homme de mer au-delà du Vendée

Un tour dans le monde de Thomas Ruyant - Partie 2 : l'Homme au-delà du Vendée Globe

Un tour dans le monde de Thomas Ruyant - Partie 2 : l'Homme au-delà du Vendée Globe

Bandeau 760px Un tour dans le monde de Thomas Ruyant, le héros humble - le Vendée Globe par Skippair

Second épisode de notre rencontre avec Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord pour le Projet Imagine), skipper engagé sur le prochain Vendée Globe. Le natif de Dunkerque se lance dans un tour du monde en solitaire aux accents solidaires. Mais en dehors de la course, le navigateur de 35 ans aime aussi partager son amour de la mer et son attrait de la croisière. Il est d’ailleurs tombé sous le charme de la Norvège cet été. Mais Thomas Ruyant reste fidèle au Nord, sa terre d’origine, et à la Bretagne, sa région d’adoption… même s’il avoue s’y être déjà échoué, mais chut ! il ne faut pas le répéter !

Thomas Ruyant : Les plus belles croisières en mer sont celles que l’on partage

Skippair : Avez-vous une citation ou un proverbe fétiche qui définirait votre rapport à la mer ?

Thomas Ruyant : (réfléchit) Peut-être « Homme libre, toujours tu chériras la mer » de Baudelaire, mais ça fait bateau ! Cela dit, c’est vraiment le cas. J’aime bien être sur l’eau. Je reviens de vacances [l’interview a été réalisée le 19 août, ndlr] et je les ai passées sur l’eau, car je ne fais pas de la voile qu’en compétition. J’essaie de partager aussi ce métier coup de cœur avec ma famille. J’aime bien voyager en bateau, c’est chouette ! Je fais, par exemple, un peu de cabotage en Bretagne sud. J’emmène mon fils sur l’eau, je fais de la pêche, de la croisière, je vais explorer de nouveaux endroits… On en découvre plein en bateau. A l’inverse, en course au large, on fait le tour du monde, on traverse les océans, mais on ne s’arrête pas !

Skippair : Sans indiscrétion, où êtes-vous parti cet été ?

Thomas Ruyant : Dans les Lofoten, en Norvège. Ce sont les Alpes à marée haute, on va dire ! Une région magnifique. Elle est située à 68° Nord. Partout ailleurs, on serait dans les glaces à cette latitude-là. Sauf aux Lofoten ! Grâce au passage du Gulf Stream, l’endroit reste navigable. On a donc découvert les lieux sur un bateau de pêche écossais, un vieux gréement de 100 ans. Il ne va pas à plus de cinq ou six nœuds. Comme quoi il n’y a pas que la haute vitesse dans la vie… C’était complètement à l’opposé de ce que je connais en course (rires) !

Le skipper du Vendée Globe Thomas Ruyant a beaucoup apprécié sa croisière à la voile en Norvège cet été – Kristian Nashoug (www.lofoten.info / Vågan)

Mon port de coeur ? Dunkerque !

Skippair : Est-ce que partir en croisière pendant les vacances, ça ne vous rappelle pas le travail finalement ?

Thomas Ruyant : Non, c’est complètement différent. Quand je cabote avec un vieux gréement écossais dans les Lofoten, je ne suis pas du tout dans le même registre. Même si on est sur l’eau et que ça reste la mer, les plaisirs sont complètement différents. Mais j’ai besoin des deux. Je trouve important de passer aussi du temps sur l’eau de cette manière-là et de pouvoir, pour le coup,  le partager en équipage. Faire de la croisière tout seul, ça ne m’intéresse pas (rires) ! J’ai des amis qui viennent, j’y vais avec mon fils et ma compagne, etc. Bref, en croisière, je n’ai pas du tout l’impression d’être au bureau (rires) ! Mais même quand je travaille, je n’ai pas l’impression d’être au boulot non plus. J’ai cette chance-là : mon travail est une passion.

Les Lofoten, ce sont les Alpes à marée haute ! L’un des plus beaux endroits au monde.

Skippair : Quel coin aimez-vous le plus faire en voilier ?

Thomas Ruyant : Aujourd’hui, je vis en Bretagne, donc il y a forcément des lieux où l’on va plus facilement et plus souvent que d’autres. Toutes les îles de la Bretagne sud sont chouettes – les Glénan, Houat, Hoëdic, Belle-Ile-en-Mer… des endroits, où je m’arrête souvent avec mon petit Muscadet [voilier de croisière côtière, ndlr] (rires) !

Skippair : Mais si vous n’aviez qu’un seul endroit à choisir, où retourneriez-vous volontiers ?

Thomas Ruyant : Je ne peux pas sortir un lieu plus qu’un autre. Au contraire, quand je suis en croisière, je ne suis pas dans la répétition. En général, le but est d’aller justement, à chaque fois, dans des endroits que l’on ne connaît pas, dans différents mouillages, etc. Après, oui, mon port de prédilection reste Dunkerque. J’ai l’habitude d’y faire du bateau, dans la mesure où je suis originaire de là et j’ai appris à naviguer sur ce plan d’eau. Alors ce n’est pas le plus beau ni le plus facile, mais c’est mon port de cœur, on va dire. Cela dit, la navigation devant Malo-les-Bains, au large de Dunkerque, est très sympa. Je prends beaucoup de plaisir quand j’y vais, même si cela n’a rien à voir avec les mouillages dans les îles bretonnes.

Malo-les-Bains, à Dunkerque, est le « port de cœur » du skipper Thomas Ruyant – Quentin Verwaerde (CC BY-ND 2.0 – Flickr)

Retrouvez notre série d’articles sur les skippers du Vendée Globe
– Un tour dans le monde de… –
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En Bretagne, on est gâté : les côtes sont magnifiques…

Skippair : Quel est le plus bel endroit que vous ayez visité en voilier ?

Thomas Ruyant : Je crois que c’étaient les Lofoten, cet été. Un des plus beaux endroits au monde, je pense.

Skippair : Quel est votre meilleur souvenir en mer ? Est-ce à nouveau les Lofoten ?

Thomas Ruyant : Les Lofoten, c’est un souvenir tout neuf, donc je l’ai encore bien en tête. Là-bas, on est vraiment au pied des chaînes de montagne. On ne peut pas mouiller, parce qu’il y a trop de fond. On doit s’accrocher à la montagne pour s’arrêter ! J’ai apprécié le cadre, la lumière, la couleur de l’eau… C’est ce qui fait qu’un endroit est sympa. Pour le coup, en Bretagne, on est quand même gâté à ce niveau-là. Les côtes sont magnifiques et on arrive encore à trouver des criques sans personne, avec une couleur de l’eau superbe, une lumière unique quand le soleil devient bas… Je dirais donc que la Bretagne sud et les Lofoten sont aujourd’hui, pour moi, les endroits les plus plaisants à faire en voilier.

Skippair : Avez-vous, au contraire, un pire souvenir en voilier ?

Thomas Ruyant : (Eclate de rire) Oui, après une erreur de calcul de marée à Houat. On s’échoue en pleine nuit, alors que ce n’était pas prévu… (rires) On peut être marin professionnel et puis des fois se planter et s’échouer (rires). C’était il y a trois-quatre ans, mais bon, ça s’est bien fini. Et puis on apprend de ses bêtises !

La croisière en voilier, c’est le plaisir de changer d’endroits tous les soirs.

Skippair : Quel est votre style de navigation quand vous n’être pas en course ?

Thomas Ruyant : Mon style dans le privé, c’est de la découverte surtout. Le plaisir de s’arrêter dans de nouveaux endroits. De remonter un maquereau, ou une morue, dans les Lofoten. Tout simplement.

Skippair : Du coup, comment définiriez-vous une croisière réussie ?

Thomas Ruyant : C’est celle que l’on partage. Ce sont aussi les gens avec qui on part en croisière qui font que celle-ci est sympa ou non. Un voyage en voilier réussi nécessite aussi de bien choisir sa météo et d’arriver sur de beaux sites que l’on ne connaît pas. C’est partager la découverte de ces lieux nouveaux. Ou encore remonter un beau poisson pour le manger le soir. La réussite d’une croisière tient aussi au plaisir de changer d’endroits : l’un des avantages des vacances en bateau, c’est justement de pouvoir être dans des coins différents tous les soirs.

Skippair : En compétition, avez-vous le temps de profiter un peu de votre environnement ?

Thomas Ruyant : En course au large, les paysages, c’est la mer ! Au final, on voit assez peu les côtes, si ce n’est au départ et à l’arrivée. Cela dit, sur les transatlantiques, je trouve toujours hyper-sympa de passer par Cap-Vert, les Açores, etc. On y passe, mais je ne m’y suis jamais arrêté…

Pas le temps de profiter du paysage en course : la voile en solitaire demande à Thomas Ruyant une concentration de tous les instants – Pierre Bouras

Si vous avez envie de découvrir la voile, n’hésitez pas !

Skippair : Que ressentez-vous quand vous êtes en mer ?

Thomas Ruyant : J’aime me sentir bien avec le voilier et la mer tout autour. J’apprécie quand un voilier est bien réglé, même en croisière… ce qui énerve un peu ma compagne ! J’aime aller toujours au maximum de ce que peut faire le bateau. C’est mon esprit de compétiteur. J’ai besoin de sentir qu’il glisse bien sur l’eau. C’est un vrai plaisir d’essayer de naviguer en bon marin, de ne pas faire d’erreur, d’être en sécurité… et pourquoi pas de gratter les autres bateaux sur l’eau (rires) !

Skippair : Vous recherchez la performance même à bord d’un vieux gréement écossais ?!

Thomas Ruyant : Tout-à-fait ! J’aime bien savoir aussi un peu ce que le voilier a dans le ventre, même si je sais que ça n’ira pas au-delà d’une dizaine de nœuds.

Etre sur un voilier aide à se retrouver, à s’échapper d’un monde parfois un peu rude. Le bateau permet de revenir à des choses simples.

L’esprit de compétition de Thomas Ruyant le suit partout, sur son IMOCA 60 du Vendée Globe, comme sur le vieux gréement écossais, avec lequel il est parti en vacances – Pierre Bouras

Skippair : Pour terminer, auriez-vous un conseil à donner aux novices de la voile pour les inciter à se lancer et à découvrir le plaisir de la navigation en mer ?

Thomas Ruyant : Le voilier est un bon moyen de voyager. Il permet vraiment de s’échapper d’un monde parfois un peu rude à terre. A l’inverse, être sur l’eau permet de se décentrer, de se retrouver aussi, de revenir à des choses un peu plus simples.

Je sais qu’il y a parfois une réelle appréhension. Certains disent : « non, ce n’est pas pour moi, je ne vais pas apprendre à faire du bateau. » Mais il n’est jamais trop tard pour se mettre à la voile ! Et au final, ce n’est pas très compliqué. Bien souvent, ce n’est que du bon sens et ça vient vite. Après, le voilier est accessible à tout le monde, à partir du moment où l’on fait ce qu’il faut pour se le rendre accessible. Je ne conseille pas du tout aux gens de prendre un bateau et d’y aller sans expérience ! Il faut un peu se former, et ensuite, on peut faire beaucoup de choses sympas – voyager, découvrir des endroits, se retrouver ailleurs que là où tout le monde va.

Mon conseil est donc de ne pas avoir peur. Il faut se faire accompagner, mais si on a une petite envie de découvrir ce monde-là, n’hésitez pas ! Et si vous vous sentez trop vieux ou dépassé pour vous y mettre, allez découvrir la voile avec des gens qui s’y connaissent un peu. Ça vous plaira certainement.

Envie de prendre le large à votre tour ?

Thomas Ruyant vous a donné envie de mettre les voiles ? Faîtes comme il vous le recommande, « allez découvrir la voile avec des gens qui s’y connaissent » !

Rendez-vous sur Skippair.com pour découvrir nos suggestions de croisières en voilier avec skipper pro. Embarquez le temps d’un journée, d’un week-end ou plus, en France et dans le monde entier !

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En savoir plus sur Thomas Ruyant pendant le Vendée Globe

Dans le premier épisode d’Un tour dans le monde de Thomas Ruyant, le skipper nordiste vous a expliqué la spécificité de son projet sportif pour le Vendée Globe, réalisé en partenariat avec une ONG.

Vous avez désormais envie de suivre Thomas Ruyant pendant son tour du monde en solitaire ? Retrouvez-le sur le site officiel Le Souffle du Nord pour le Projet Imagine, ainsi que sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter et Instagram.